La 30ème Conférence EUCOCO représente une exceptionnelle aventure de trente années de solidarité avec la lutte d’un peuple le Peuple sahraoui. Cela démontre une continuité sans failles dans le soutien apporté toutes ces années, parfois jour après jour, par les Comités d’appui, les ONG, les juristes, les intergroupes parlementaires, les villes jumelées, les organisations internationales de jeunesse, de femmes, de travailleurs et bien d’autres parmi lesquels des spécialistes de l’information, des droits des gens ou encore de l’énergie renouvelable ou de la santé, de l’éducation, du tissage, de la mécanique, de l’eau, de la pêche, du pétrole, des jardins, de la culture, du sport, etc….En fait un nombre incalculable de gens pour qui le droit d’un petit peuple, c’est une chose importante. Le droit du Peuple Sahraoui à choisir son destin, au même titre que tous les peuples africains qui, sortant du joug colonial, ont procédé à leur autodétermination.
Bien sûr, en 2004, la situation internationale a changé depuis la signature de l’accord honteux de Madrid en 1975, depuis la chute du Mur de Berlin en 1989, et plus récemment depuis le 11 septembre 2001 à New York et la consolidation de la gouvernance néoconservatrice-ultralibérale à Washington.
Aujourd’hui, l’Afrique en particulier vit une situation catastrophique de mal-développement, d’insécurité, et de conflits armés dont les conséquences sont effrayantes en termes de pauvreté et de maltraitance humaine.
Aucune des promesses, aucun des engagements pris solennellement par la communauté internationale de sortir du marasme, ne sont tenus, ou si peu.
Le nouvel ordre mondial voulu par les Etats-Unis et leurs alliés consiste essentiellement en la gestion du désordre, à la négation des droits fondamentaux des gens et des peuples à chaque fois que les intérêts supérieurs des Etats-Unis sont en jeu. C’est vrai en Afghanistan, en Irak, au Proche Orient et dans bien d’autres endroits sur la planète.
Les Nations Unies, créées pour promouvoir la Charte des droits fondamentaux, à savoir le développement pour le bien-être de tous et le désarmement pour la paix et la sécurité non armée, les Nations Unies ont été marginalisées au profit des 4 majors au service de la mondialisation ultralibérale à savoir la BM, le FMI, l’OMC et l’OTAN.
Nous sommes dans l’obligation de tenir compte de cette nouvelle politique internationale pour réorienter, conforter et poursuivre notre action de solidarité avec le Peuple Sahraoui.
Une nouvelle campagne européenne, mais aussi internationale, doit être construite avec des objectifs de mobilisation élargie et une capacité renouvelée de reprendre l’initiative.
C’est à ces objectifs et aux campagnes de mobilisation que nous devons travailler au cours de cette 30ième Conférence EUCOCO.
Aujourd’hui, non seulement nous ne sommes plus en 1975, mais le Peuple Sahraoui lui-même a acquis dans la lutte une forte maturité une capacité organisationnelle renforcée une capacité politique remarquable. Une nouvelle génération de cadres s’est formée aux différentes disciplines nécessaires à la construction de la Nation Sahraouie. Cela veut dire que la solidarité internationale est aussi en droit d’attendre plus de la part des combattants et responsables sahraouis, du Front Polisario, dans l’action internationale commune et dans le renforcement de la confiance mutuelle nécessaire pour atteindre l’objectif le plus urgent : l’application sans retard du droit à l’autodétermination.
Le programme EUCOCO dont nous allons débattre doit aussi tenir compte du travail réalisé par les acteurs de la solidarité en Afrique, en particulier par le Comité Algérien de solidarité mais aussi en Afrique du Sud, en Amérique Latine et en Asie. Il doit intégrer également nos amis aux Etats-Unis et en Australie.
PROGRAMME 2005
Remettre le droit international et les Nations Unies au cœur du débat pour l’autodétermination du peuple sahraoui
A l’ONU :
Il y a lieu de tirer les conclusions du vote à la 4ième Commission et d’organiser un suivi très précis de la position des différents pays membre de l’Assemblée afin de leur rappeler leurs obligations de mener à son terme le processus de décolonisation au Sahara Occidental.
Il faut par ailleurs s’adresser aux pays membres du Conseil de sécurité afin que la Minurso et le Secrétaire Général s’engagent à dépasser les blocages du Maroc en vue de l’application intégrale du plan Baker et des accords de Huston. Ceci doit se faire au mois de janvier 2005.
A l’Union Européenne :
Il faut travailler avec l’Intergroupe parlementaire européen qui s’est recréé sous la présidence de Madame la Députée Karin Scheele. Ceci implique de mener une action conjointe à Strasbourg en 2005, fin du 1er semestre.
Au cours de l’année 2005, deux pays européens vont assurer la présidence du Conseil des ministres européen et des sommets européens Janvier à juin : le Luxembourg et juillet-décembre : la Grande-Bretagne.
Il faut préparer une action spécifique en direction de ces deux présidences en vue d’obtenir un nouvel engagement européen pour la réalisation du référendum d’autodétermination au Sahara Occidental.
Les Droits de l’Homme :
Le travail engagé depuis de nombreuses années doit être renforcé et élargi aux droits des travailleurs sahraouis. Ce travail doit être concentré à Genève autour de la Commission des droits de l’homme des NU et de l’Organisation Internationale du Travail mais aussi dans tous les pays où la propagande marocaine veut escamoter le débat sur le sort des populations sahraouies dans les territoires occupés.
Les juristes internationaux :
Les juristes internationaux ont un rôle fondamental en vue de réaffirmer sans cesse les bases juridiques et légales qui fondent les justes revendications du peuple sahraoui à son autodétermination pour l’indépendance et le respect de sa souveraineté sur l’ensemble du Sahara colonisé par l’Espagne.
De même ils doivent concourir à renforcer les revendications portées devant les Nations Unies et les grandes institutions internationales quant aux droits des Sahraouis à l’assistance internationale conformément au droit humanitaire et aux Conventions de Genèvre. Les juristes sont également nécessaires en vue de renforcer la défense des ressources naturelles des territoires et espaces maritimes sahraouis.
Ressources naturelles :
Le pillage des ressources naturelles du Sahara, e/a pêche, réserves eaux souterraines, réserves minières et réserves pétrolières par le Maroc, puissance occupante du Sahara Occidental, constitue un déni de droit qui doit être combattu et dénoncé publiquement.
Les campagnes exemplaires menées par les Comités australien, hollandais, britannique et norvégien ont démontré toute la validité des actions de dénonciation et de pression sur les compagnies pétrolières.
L’aide matérielle et humanitaire :
Elle est essentielle pour les populations réfugiées mais aussi pour la lutte diplomatique menée par le Front Polisario. Une coordination ad hoc pour garantir la sécurité alimentaire des populations sahraouie doit être maintenue. Elle doit être élargie pour couvrir l’ensemble des autres mobilisations à réaliser en direction des organismes spécialisés des NU : UNHCR, PAM, UNICEF… des ONG de coopération, des Comités, ville jumelées, gouvernements régionaux et nationaux ainsi que de l’UE : ECHO et DG DEV.
COMMENT REALISER DE TELS OBJECTIFS
Cela exige de chacun des participants à cette Conférence un effort pour d’abord et avant tout élargir et renouveler les Comités de soutien qui ont aussi déjà 30 ans dans plusieurs pays.
Elargir et renouveler, cela nécessite des campagnes adaptées et modernes pour atteindre de nouveaux publics. Cela ne se fait pas sans une bonne information, sans une bonne gestion et diffusion de l’information par et au sein des différents médias.
Il est indispensable également de sortir des cercles militants déjà acquis à la cause sahraouie et d’entrer en relation avec les autres lieux et espaces de mobilisation populaire. A cet égard, un effort particulier doit être poursuivi et amplifié au sein du Forum Social Mondial dont la prochaine rencontre aura lieu en janvier 2005 à Porto Alegre. Il est question de tenir le FSM 2006 soit au Maroc soit en Afrique du Sud !
L’organisation même de EUCOCO et de la Task-Force.
Bien entendu avant de tout changer, il faut réfléchir sérieusement car rarement un mouvement de solidarité n’a réussi une telle performance en réalisant chaque année une conférence européenne de soutien au peuple sahraoui.
Serait-il concevable d’organiser durant l’année 2005 6 activités majeures dont 1 Comité, voire 2 Comités prendraient la responsabilité en s’associant avec d’autres organisations nationales ou internationales.
Sans fixer l’ordre de priorité ou de calendrier :
Activité 1
Conférence et manifestation au Parlement Européen à Strasbourg
Activité 2
Rencontre internationale des villes jumelées
Activité 3
Renforcement du réseau sur la protection des ressources naturelles et actions de dénonciation
Activité 4
Action spéciale devant la Commission des droits de l’Homme et à l’OIT à Genève
Activité 5
Délégation spéciale de juristes et de parlementaires internationaux aux Nations Unies et en particulier à la 4ième Commission
Activité 6
Rencontre internationale des ONG et organisations des droits humanitaires sur la question du Sahara Occidental.
Ces 6 activités et l’année 2005 seraient clôturées, fin 2005, par une Rencontre internationale de solidarité et de soutien au Peuple Sahraoui dans les territoires libérés.
La Task-Force chargée de piloter la réalisation de ce programme et d’organiser la rencontre internationale sera alors composée
• des responsables des Comités qui prennent en charge une des six activités
• des Comités fondateurs de l’EUCOCO : Belgique Hollande France Italie
• des Comités des pays directement concernés : Espagne Algérie
La Task-Force se réunirait 4 fois dans l’année lors de l’une des activités programmée en 2005. Le choix porterait sur les activités 1 à 4.
Vive la solidarité internationale avec le Peuple Sahraoui !
Vive la lutte du Front Polisario pour l’autodétermination du peuple sahraoui !
Bon travail et merci,
Pierre Galand
Novembre 2004