Dans le cadre des élections présidentielles du 09 janvier 2005 en Palestine, l’ABP a envoyé une mission d’observateurs à la demande de la Commission Electorale Centrale Palestinienne (CEC). La CEC, établie le 27 octobre 2002 par un décret de Yasser Arafat est un organisme indépendant responsable de l’administration et de la supervision des élections. Cette élection fait suite au décès de Yasser Arafat le 11 novembre 2004, et a été décrétée en conformité avec la loi électorale prévoyant l’organisation de nouvelles élections 60 jours après le décès du Président de l’Autorité Palestinienne (AP). Nos observateurs faisaient partie d’un groupe d’environ 600 observateurs internationaux accrédites par la CEC, dont un important contingent de l’Union européenne.
La délégation souligne les efforts particulièrement efficaces de la CEC pour permettre l’organisation d’élections libres, transparentes et démocratiques. Et ce dans le contexte très difficile de l’occupation militaire israélienne des territoires palestiniens. Rappelons que dans un tel contexte où la force est exercée par la seule puissance occupante, le bon déroulement d’un processus électoral dépend entièrement de l’intégrité morale de la population occupée.
En particulier, la période pré-électorale a été fortement perturbée, notamment :
- impossibilité de se mouvoir, arrestation et intimidation de candidats
- seule une minorité de résidents palestiniens de Jérusalem-Est (5.367 sur 197.052 électeurs potentiels, soit environ 5%) ont pu s’inscrire comme électeurs enregistrés. En effet, les bureaux d’enregistrement ouvert par la CEC ont été rapidement interdits par les autorités israéliennes
Le dimanche 9 janvier notre délégation a fait les observations suivantes :
A Jérusalem :
La procédure électorale de la CEC n’a pas été appliquée suite au refus de l’Etat israélien. Ainsi les 5.367 électeurs enregistrés devaient voter dans un des 5 bureaux de poste prévus à cet effet. La confusion était totale sur le lieu exact du vote. Le caractère secret du vote n’était pas garanti. La forte présence de membres des services de sécurité israéliens dissuadait les électeurs de voter ; des témoignages d’intimidation le confirment.
Les 191.685 électeurs restant non enregistrés n’ont pas été autorisés de voter à Jérusalem, mais devaient se rendre dans un des bureaux de vote de la CEC situés hors de leur propre ville.
Dans les districts de Naplouse (Camp de réfugiés de Balata, ville de Naplouse, Audla), de Ramallah (Turmus’Ayya, Camp de réfugiés de Jalazone), de Bethlehem (Beit Ummar, Al-Aroub, Al-Walajah), et de Jérusalem (Al-Azzariyya, Hizma) :
- A l’intérieur des bureaux de vote nous avons observé un respect scrupuleux des procédures, une organisation et un comportement civique des responsables des centres et bureaux de votes particulièrement exemplaire, qui témoignent de la volonté des Palestiniens de mener à bien cette élection.
- Devant certains centres de vote des activités de campagnes électorales étaient maintenues par des supporters de certains candidats en contravention avec les règles de la CEC
- Dans un bureau de vote spécial [1] situé à Ramallah (Al-Ahliyya College) la conjonction de l’extension de l’heure de clôture avec l’autorisation de voter sans contrôle automatique sur la liste civile a mené à une certaine confusion. Cette situation peut ouvrir la porte à de réels problèmes de contrôle du processus électoral.
- La présence de très nombreux observateurs internationaux a visiblement facilité le déplacement des Palestiniens à l’intérieur des territoires. Toutefois nous avons observé l’apparition de check-point « volants ». Des véhicules palestiniens étaient bloqués mis en joue par des soldats israéliens.
Ce 09 janvier 2005, les Palestiniens ont fait le choix de la démocratie. Le maintien de l’occupation militaire, le renforcement de la colonisation et de la confiscation des terres palestiniennes par l’Etat d’Israël rend malheureusement l’exercice de ce choix impossible.
Info : Nadia Farkh : 02 223 07 56
[1] Une décision du Conseil Législatif Palestinien a autorisé, en sus de la liste des électeurs enregistrés établie par la CEC, l’utilisation des registres civils. Ainsi 70 bureaux de vote “spéciaux” ont été établis pour les électeurs non enregistrés. Il y avait 990 bureaux de vote dits “réguliers”.