Pierre Galand est de retour du FSM de Bamako « C’était exceptionnel, surprenant, réussi et rafraîchissant ! »
 Pierre Galand, sénateur socialiste, était à Bamako avec l’eurodéputé Alain  Hutchinson. Entre deux avions, Pierre nous livre les impressions de sa participation au FSM de Bamako, entre Genève où il participait à une rencontre avec des parlementaires belges et des représentants des Nations-Unies, et la Palestine où il sera présent en tant qu’observateur aux élections législatives du 25 janvier.

En guise de premières impressions ?
Alain et moi étions les deux seuls parlementaires belges présents à Bamako. Non seulement nous ne le regrettons nullement, mais en plus nous en sommes très heureux ! Nous avons pu participer à une belle réussite africaine !
Evidemment ce n’était pas le rendez-vous massif et désormais habituel de Porto Alegre, ni le show médiatique que sera Caracas ! Mais il y avait à Bamako une atmosphère réellement surprenante où le travail d’échanges et de dialogues entre associations, organisations et syndicats a pu se dérouler dans un cadre tout à fait particulier et extraordinaire ! A Bamako, pas, peu ou prou d’« anti-politiques » primaires ! L’esprit d’ouverture et la place réservée aux rencontres entre toutes les forces progressistes actives étaient fantastiques ! Les parlementaires maliens ont participé tout à fait ouvertement aux activités du FSM, en demandant plus d’ouverture, d’occasions et d’échanges possibles avec les forces vives citoyennes.
Bamako, ce n’était pas non plus des grands espaces où seules quelques têtes pensantes des « alters » prennent la parole, mais plutôt des groupes formés ça et là qui travaillent, échangent réellement, parfois même dans des classes et dans des écoles. La parole y fut non seulement donnée à toutes et tous, en ce compris aux gens et associations populaires, mais en plus les temps de paroles furent partagés comme jamais précédemment dans les Forums.

Qu’en était-il des thèmes et sujets au cœur des discussions ?
A Bamako, la société civile africaine a fait montre d’un éveil exceptionnel, d’une grande précision et d’une large compréhension des enjeux, des défis liés à la mondialisation, et qui touchent le continent africain de plein fouet. Mines d’or ici, pollution des nappes phréatiques là, trafics d’armes ailleurs sont autant de sujets qui ont mené les échanges au-delà des sentiers alters battus à répétition comme le FMI, la dette et l’eau.
Un des sujets essentiels de cette édition du FSM est le thème des migrations. Les africains sont tout à fait conscients des murs qui s’érigent autour de l’Europe qui attire, et donc de la fuite incessante de leur force de travail, de leur force intellectuelle de leur propre continent. Les migrations ne sont pas seulement des enjeux sociaux, culturels, ou de dialogues N/S, elles sont aussi et surtout des enjeux économiques pour le Sud et il est capital de le Nord aborde cette problématique avec humanité, plutôt que convoitise et intérêt ! Pour moi, il est donc essentiel que l’Europe prenne en charge une initiative ad hoc des questions posées par les flux migratoires. Dans le cas contraire, l’oasis européen risque de susciter autant de répulsion que d’attirance. A un moment où on entend dans certains pays européens parler d’immigration « ciblée », de restrictions en tout genre ou de renvoi pur et simple, je crois qu’il est essentiel que les mouvements sociaux, les syndicats et les politiques progressistes se mobilisent et s’allient pour refuser un modèle de société conservateur où règnerait l’exclusion !
Personnellement, j’ai aussi été très attentif à la question de l’Afrique religieuse, avec la question des intégrismes et des sectes. Et je dois avouer que la grande participation de femmes de tout le continent, mais aussi particulièrement de l’Afrique subsaharienne et de l’Afrique du Nord m’a très impressionné. Cela me conduit à être conforté : évidemment le phénomène religieux n’est pas perçu partout de la même façon, de même que les perceptions s’affinent pour différencier l’Etat du développement et de la religion. J’ai été très positivement surpris dans mes nombreuses conversations du niveau de conscience et de volonté de mes interlocuteurs de séparer Etat/religion.

Les rencontres que tu as pu y faire ?
Au niveau des rencontres plus personnelles, j’ai évidemment croisé les Belges qui avaient fait le déplacement. Et c’est toujours un plaisir de pouvoir se retrouver et discuter franchement entre politiques, associations et syndicats dans un contexte hors-Belgique. J’ai par ailleurs eu l’occasion de voyager avec la délégation socialiste européenne et de parler notamment avec le député socialiste Harlem Désir. J’ai enfin participé à de nombreuses activités au FSM, aux côtés d’Aminata Dramane Traoré[1], Eric Toussaint[2] et de Riccardo Petrella[3]. Outre ma participation aux activités du CADTM sur la dette et du GPF sur l’emploi décent, j’ai pu encore suivre, aux côtés d’Alain,  une réunion très intéressante de l’Internationale Socialiste, où de nombreuses délégations présentes, notamment maliennes, ont fait des interventions brillantes sur le thème de la démocratie et des droits de l’homme.

A ton retour, que retiens-tu ?
Au bilan, je rentre de Bamako très impressionné ! C’était très rafraîchissant ! Après les élections en Palestine, j’ai hâte d’organiser avec l’IEV un debriefing sur Bamako et Caracas, avec mes camarades Alain et aussi Claude qui est en ce moment au Venezuela. Et puis, je compte bien aussi contribuer aux travaux du parti non seulement sur le thème des migrations, mais aussi des accords de partenariat économique que l’Europe est en train de construire avec les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique.



(Extrait du site du PS – www.ps.be)


[1] http://www.malikounda.com/continu_entrevue_voir.php?idEntrevue=2
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ric_Toussaint
[3] http://fr.wikipedia.org/wiki/Riccardo_Petrella

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